La contribution

Les Hauts-de-Seine à gauche :
c’est maintenant !
Contribution thématique déposée dans le cadre du Congrès de Toulouse

Un département atypique


Créé en 1968 le département des Hauts-de-Seine constitue un territoire particulier au sein de la région Ile-de-France comme au niveau national.
Département dense de la petite couronne de Paris, il concentre plus d’un million et demi d’habitants, et plus de 6 000 sièges sociaux d’entreprises.
Longtemps qualifié de « département le plus riche de France », son PIB par habitant est trois fois supérieur à la moyenne nationale et correspond aux 2/3 des PIB cumulés des deux autres départements de la petite couronne (le 93 et le 94).
Cette richesse cache néanmoins de nombreuses disparités entre les 36 communes qui le composent. Le revenu médian par habitant varie, par exemple, du simple au triple entre les villes de Gennevilliers ou de Villeneuve et celles de Neuilly ou Marne-la-Coquette.
Le département, atypique sur le plan économique, avec des pôles tertiaires et des quartiers d’affaires de premier plan comme la Défense ou le Val de Seine, l’est aussi sur le plan politique.
A droite depuis sa création, les Hauts-de-Seine ont connu en leur sein et à leur tête une concentration impressionnante de personnalités politiques de premier plan : Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian, l’ont dirigé. D’autres ministres en sont issus comme Patrick Ollier, Roger Karoutchi, André Santini ou Jean-Pierre Fourcade.
On a pu parler de fief pour qualifier les Hauts-de-Seine. En effet, la droite qui contrôle actuellement le Conseil Général avec 29 Conseillers Généraux sur 45, détient également :
  • 4 sièges de sénateurs sur 7 (avant 2011, 5 sur 7),
  • 7 sièges de députés sur 13 (9 sur 13 avant 2012),
  • 29 villes sur 36.
Il est à noter que 11 villes longtemps ancrées à gauche ont basculé à droite dont 7 dans les années 80, tandis que 5 villes seulement ont été prises à la droite.

De la terre de missions à la terre de conquêtes


Cette situation d’hégémonie politique de la droite dans le département, confortée par des découpages électoraux sur mesure, commence toutefois à s’éroder. Les résultats électoraux des dernières années montrent un effritement de la droite, une progression de la gauche dans tous les scrutins, de la présidentielle en 2007 aux législatives de 2012 en passant pas les élections régionales, européennes, sénatoriales puis présidentielles en 2012.
Le Parti Socialiste joue un rôle moteur dans cette progression électorale de la gauche dans les Hauts-de-Seine qui s’est concrétisée  :
  • par le gain deux villes sur la droite en 2008 (Colombes et Asnières),
  • par l’élection d’un Conseiller Général socialiste supplémentaire entre 2008 et 2011,
  • par un score historique de 51 % au 2e tour des élections régionale en 2010,
  • par le passage de deux sénateurs de gauche à trois en 2011,
  • par la conquête de quatre sièges de députés socialistes dont deux sur la droite en 2012.
D’une terre de mission, le département des Hauts-de-Seine devient une terre de conquêtes et cela s’explique, au-delà des vagues politiques favorables, par une évolution sociologique du département favorable au Parti Socialiste et aux écologistes, mais aussi par le délitement des clans de droite qui, depuis quelques temps, connaissent des affrontements internes importants et largement médiatisés.
La responsabilité du Parti Socialiste des Hauts-de-Seine est donc grande dans cette période.  Si  la conquête de nouvelles villes est possible, si l’obtention de la majorité au Conseil Général est loin d’être hors de portée, cela ne peut se faire en misant sur une évolution mécanique et inexorable.
Une conquête du département est souhaitable et indispensable pour « faire du département le plus riche, le département le plus juste ».
Une conquête du département est possible mais nous devons aller la chercher et cela suppose que l’organisation de notre fédération change de braquet. Il est temps de définir une feuille de route pour les années à venir en plaçant au cœur de notre action le travail individuel et collectif au seul service de nos ambitions collectives.
Dès après le congrès d’octobre 2012, un séminaire fédéral devra se tenir pour tirer un bilan du fonctionnement des années passées, définir précisément nos objectifs politiques, et élaborer précisément les contours de cette feuille de route départementale pour les trois années à venir en associant largement à la réflexion les militants du département.
Un certain nombre d’éléments apparaissent dès aujourd’hui incontournables si nous souhaitons que le Parti Socialiste soit reconnu comme force collective crédible capable de peser sur l’avenir des Hauts-de-Seine.

10 axes pour le changement


NB :  Les quelques réflexions et pistes de travail qui suivent n’ont d’autre ambition que de jeter les bases de ce travail indispensable.

1. Organiser la réflexion collective au sein des instances fédérales est une priorité. L'organisation même des partis politiques doit certainement connaître des évolutions car nous sentons bien que si les citoyens manifestent un besoin d'expression, d'intervention dans la vie publique et de démocratie locale, il existe globalement et dans le même temps une méfiance vis à vis du politique, des politiques, des partis politiques.
Ce constat nécessitera certainement une adaptation profonde des formations politiques dans l'avenir. Mais dès maintenant, il faut redonner au sein de notre parti le goût du débat. Il faut structurer et organiser ces échanges avec l’ensemble des militants sur des sujets qui, dans notre département, sont essentiels pour la vie des habitants et qui structurent l'évolution du territoire.
Les bureaux et conseils fédéraux, trop souvent tournés vers les questions internes, organisationnelles, voire de personnes, doivent reprendre un rôle essentiel de débat et d’échange sur la vie départementale. Au moins trois ou quatre thèmes doivent être abordés chaque année. Préparé par des commissions thématiques composées de militants, de camarades experts ou d’élus, ce travail permettra de faire en sorte que nos prises de position soient élaborées le plus collectivement possible.
  
2. Favoriser les échanges entre élus, en lien avec l’UDESR, devra permettre de mieux harmoniser nos positions, de faire preuve de plus de cohérence, mais aussi d’associer les élus minoritaires, trop souvent isolés. Il nous faut là encore organiser de véritables séances de travail préparées entre les élus municipaux, les conseillers généraux, les conseillers régionaux, nos parlementaires.

3. Adopter des positions claires et cohérentes sur les questions départementales est indispensable. Nous sommes trop souvent dans l’improvisation. Notre fédération doit pouvoir parler d’une seule voix sur des questions aussi importantes par exemple que l’intercommunalité, le logement, les évolutions des structures hospitalières, la sécurité, la politique sociale ou les transports et, évidemment, le Grand Paris avec ses implications en terme de logements et d’urbanisme. La question du développement économique du département qui se traite ou va se traiter sur certains territoires dans le cadre des CDT doit aussi être pensée globalement afin de développer notre analyse sur le développement des grands pôles comme La Défense.

4. Populariser nos positions dans les médias qui ignorent aujourd’hui la fédération, sauf quand il s’agit d’évoquer les problèmes ou les discordes internes. Nous avons à développer une vision d’avenir et à intervenir fortement pour marquer notre différence avec la gestion de droite, y compris en dehors des périodes électorales. Cela passe par le fait de susciter l’intérêt de la presse locale à partir de réflexions et propositions innovantes.

5. Débattre avec la population sur les grands enjeux départementaux, en organisant une ou deux réunions publiques départementales chaque année. Contrairement à ce qui est trop souvent véhiculé, il n’y a pas de désintérêt des habitants pour la chose publique, pour peu que nous arrivions à traiter des sujets de fond qui les concernent, et soyons capables de quitter le débat politicien pour nous situer sur le terrain d’une vraie démocratie participative à partir de propositions et réflexions déjà travaillées.

6. Assurer un dialogue permanent avec les partenaires sociaux et institutionnels : au delà des rapports ponctuels qu’entretiennent certains élus, la Fédération doit organiser des contacts réguliers avec les syndicats départementaux,  les chambres consulaires, les fédérations de parents d’élèves ; de la même manière, elle devrait rencontrer  les représentants des institutions départementales comme le Président du TGI, le Procureur, ou le préfet des Hauts-de-Seine, voire le cas échéant organiser des entrevues avec les ministères ; cela aurait pu être utile dans la période passée sur les questions de transport liées au grand Paris par exemple.  

7. Définir une organisation interne correspondant à nos objectifs de travail. Pour mettre en place cette dynamique nouvelle, il nous faut adopter des modes de travail plus souples avec des groupes thématiques actifs et réactifs, mais aussi repenser nos besoins en matière de secrétariat politique. La question des locaux de la fédération, de son positionnement géographique devra être posée en lien avec les locaux dont se sont dotés ou dont doivent se doter certaines sections. La question de la formation des militants amenés à prendre des responsabilités futures doit également être prise à bras le corps.
Il nous faut également repenser nos outils de communication (journal, site internet, newsletter) et s’attacher à mieux définir leurs objectifs, leurs cibles et leurs  usages.

8. Echanger régulièrement avec nos partenaires de gauche doit permettre de travailler ensemble certains sujets sur lesquels des actions ou déclarations communes peuvent être envisagées et dans lesquelles nous devons jouer le rôle moteur.  Mais l’objectif est aussi d’aborder de façon plus organisée et plus sereine les différentes échéances électorales, afin d’éviter les difficultés que nous avons pu connaître dans certains circonscriptions lors des dernières échéances législatives. Il en va également de l’aide qui peut être apportée aux sections pour préparer les scrutins municipaux en aidant autant qu’il est possible au rassemblement derrière les candidats socialistes.

9. Fixer une stratégie de conquête départementale.
Cela passe d’abord par une analyse plus fine de la réalité sociologique et politique de notre  département. Une réflexion sur l'évolution des votes au cours de la dernière décennie est nécessaire.
Notre département change, sa composition sociologique s'est modifiée et, de même qu'un basculement de plusieurs communes communistes vers la droite s'est opéré il y a une vingtaine d'années – en raison  de changements de comportements électoraux mais aussi d'évolutions de populations liées aux mutations du tissu économique et industriel – de même, nous constatons, sans en avoir une perception assez fine, une profonde modification de la population et un glissement de catégories sociales plutôt favorisées de Paris vers les communes de la première couronne  tandis que d'autres sont repoussées progressivement au-delà.
Il nous faut mieux comprendre et analyser ces réalités, mieux en percevoir les conséquences au niveau du tissu électoral, mieux en anticiper les évolutions. L'ensemble de nos sections, de nos élu(e)s possèdent de nombreux éléments, encore faut-il les rassembler et se donner les moyens de les étudier.
Il s’agit à la fin de définir en concertation avec l’ensemble des sections des territoires prioritaires sur lesquels doivent être concentrés les moyens humains et matériels nécessaires.

10. Mettre en œuvre la rénovation et le changement
Notre combat politique suppose des modifications dans notre organisation, mais il exige aussi que notre comportement politique soit exemplaire en mettant en œuvre les principes de la rénovation proposée par Martine Aubry et que nous avons votée à une large majorité. Ainsi devrons-nous veiller à renforcer la place des femmes, des jeunes et de la diversité sous toutes ses formes dans nos instances et dans les candidatures. Il nous faudra veiller également à avancer de façon volontariste sur la question du cumul des mandats.


D’une manière générale, nous devons être acteurs du changement. Nous devons soutenir et accompagner les réformes promises par le Président de la République et mises en œuvre par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
L’objectif de conquête du département est ambitieux mais il est réaliste à condition de nous rassembler largement par delà les sensibilités pour mettre en mouvement toutes les compétences et toutes les énergies qui existent au sein de notre organisation ; à condition aussi que nous retrouvions le sens du collectif, car dans le combat politique la seule ambition qui vaille c’est l’ambition collective.

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